Mell, moins excitée et plus posée

Mell©Anais

Mell©Anais

Les Francos Reporters ont rencontré Mell avant son intercalaire prévu sur la grande scène du Saint-Jean d’Acre. Depuis qu’elle a fait le Chantier des Francos, il y a 12 ans, elle a vécu bien des aventures et nous en conte quelques-unes.

 

Francos Reporters : vous avez fait le Chantier il y a 12 ans, qu’avez-vous pensé de cette expérience ?

Mell : j’en ai un super souvenir car je ne connaissais pas grand chose à la musique. J’avais 19 ans et je débarquais. J’allais commencer à enregistrer mon premier titre donc c’était une super aide. Que du bonus ! Cela m’a notamment permis de prendre conscience qu’il y avait un aspect scénique important ce à quoi je n’étais pas sensibilisée. Ca m’a ouvert les yeux sur pleins de choses et ça m’a permis de jouer aux Francos, ce qui n’est pas négligeable.

 

F.R. : vous classez-vous comme défenseur de la chanson française, est-ce que vous vous reconnaissez un peu dans cet environnement ?

Mell : c’est compliqué comme question parce-que moi je n’écoute pas de chanson française et ça m’excite pas vraiment. C’est bien qu’il y ait des festivals pour la défendre, mais je ne me positionne pas du tout en défenseur de la chanson française. J’essaie plutôt d’amener plein d’autres influences que la chanson dans ce que je fais.

 

F.R. : vous avez travaillé seule, en groupe, puis de nouveau seule. Ce sont des étapes dans votre travail ?

Mell : j’ai l’impression que je m’ennuie vite ! J’ai besoin que ça bouge ! Un moment la vie en groupe ça me pèse, j’ai envie de jouer seule. Puis un moment seule ça m’énerve donc je retourne avec des musiciens. Je me laisse vraiment la liberté d’écouter mes envies de fonctionner comme ça… C’est un sacré luxe de pouvoir chanter comme ça au gré des envies, c’est la liberté !

 

F.R. : vous avez déjà collaboré avec pas mal d’artistes, avec qui aimeriez-vous travailler prochainement ?

Mell : je vais travailler avec Les Hurlements d’Léo. Mais en ce moment je collabore avec Eric Abecassis, qui fait de la musique super bizarre qui s’appelle de la synthèse modulaire. Je fais de la guitare bruitiste avec lui, ce qui n’a absolument rien à voir avec ce que je fais d’habitude. C’est super !

 

F.R. : quels artistes vous inspirent ?

Mell : l’inspiration c’est comme un mélange inconscient qui se fait dans notre cerveau. Mais je sais que j’ai pu être influencée par des gens comme Brigitte Fontaine, Elvis Presley, Johnny Cash… Mais tout peut vraiment m’inspirer : un spectacle de danse, une pièce de théâtre, un livre… Quand je suis en période d’écriture, je cherche à me cultiver, à me nourrir l’esprit !

 

F.R. : un film ?

Mell : je suis très fan de Jim Jarmusch. Son dernier film est génial. En plus les bandes sons sont vraiment délicieuses à chaque fois. Et je me suis vraiment régalé sur l’image.

 

F.R. : on vous a souvent qualifiée de punk excitée, mais votre nouvel album est un peu plus sage que les précédents, est-ce que vous cherchez à montrer une nouvelle facette de votre personnalité ?

Mell : je pense pas qu’il soit plus sage en fait. Mais il est différent. Dans les sons, il vient chercher du côté du punk new wave, il y a des guitares de garage, des guitares un peu sixties. En fait, j’ai juste grandi, je dis les choses un peu moins frontalement. Je suis un peu moins excitée c’est sûr, un peu plus posée, même si c’est un peu chiant en fait d’être plus posée (rires).

 

F.R. : pour vous la musique est-elle pas un moyen de faire passer un message, des idées ?

Mell : oui mais pas de manière frontale justement. Les idées passent très bien dans l’attitude, dans certains textes. J’ai horreur de la démagogie en chanson.

 

F.R. : vous avez déjà beaucoup de scène, que ressentez-vous pour ce soir (ndlr, elle devait passer ce soir-là en intercalaire sur la grande scène) ?

Mell : c’est hyper bizarre, j’ai absolument pas le tract mais je trouve que c’est vraiment louche ! Parce que c’est pas vraiment un truc que je ne fais pas tous les jours…

 

F.R. : de monter sur une scène devant 12 000 personnes ?

Mell : C’est 12 000 là ?! Oh p… (rires). Mais étonnament… je suis excitée ! En fait, je me dis que c’est le genre de trucs qui t’arrivent pas souvent. Fais-toi plaisir ! C’est ce que je me dis, faut que ça soit du plaisir ! Ca va passer super vite, je vais me retrouver hors de scène et je vais sûrement me dire « ooh, c’est fini, qu’est-ce qui s’est passé ? » (rires).

 

Interview : Marine et Jessica

Photo : Anaïs