Les premières heures des Francos avec Danièle Molko

Danièle Molko

Danièle Molko, co-fondatrice des Francofolies revient sur les premières heures du festival et de son succès grandissant. Elle livre notamment aux Francos Reporters ses premières appréhensions, ses premiers projets fous, le travail mené auprès de Jean-Louis Foulquier, tout en se réjouissant de voir ce qu’est devenu aujourd’hui ce festival toujours autant apprécié !

 

Francos Reporters : Deux mots pour vous présenter ?

Danielle Molko : Danièle Molko, je suis éditeur et productrice de musique. Avec Jean-Louis Foulquier, j’étais co-fondatrice du festival des Francofolies de La Rochelle.

 

F.R. : Comment résumez-vous votre collaboration avec Jean-Louis Foulquier ?

D.M. : Pendant près de 15 ans, j’étais le bras droit de Jean-Louis. Nous nous connaissions avant le festival et avons eu ensemble l’idée de le concevoir. Au départ, l’équipe se composait de 5 personnes et j’étais pour ma part, j’étais en charge de l’organisation , de la production et du financement.

 

F.R. : Comment le festival a-t-il évolué ?

D.M. : Le festival a eu un vif succès dès ses débuts, alors qu’en 1984, lors de la première édition, la chanson française ne se portait pas si bien que cela. Jean-Louis voulait prouver le contraire en mettant sur scène de jeunes artistes talentueux. On avait aussi comme objectif de donner des lettres de noblesse à la chanson française en lui attribuant un lieu remarquable. Je pense qu’on peut dire que le pari est réussi !

L’augmentation du nombre de scènes, l’élaboration de nouveaux projets, comme le Chantier des Francos en1997, ont donné un réel rayonnement aux Francofolies. Même à l’étranger puisqu’on a vu des éditions au Québec, en Belgique, en Bulgarie, en Allemagne et que Gérard Pont a même exporté le festival à New-York !

 

F.R. : Quel est votre souvenir le plus fort depuis ces 30 ans ?

D.M. : Il y en a beaucoup ! Emotionnellement, c’est une expérience très forte, mais le souvenir qui me vient à l’esprit est celui de la veille de l’ouverture des premières Francos. Nous étions autour d’une table de restaurant, avec l’équipe de base et nous nous demandions si le public serait réellement au rendez-vous. Le patron du restaurant nous a alors prévenu qu’à 23h, le dernier train en provenance de Paris arrivaient, rempli de festivaliers. Nous sommes alors allés vers la gare pour voir ces centaines de jeunes descendre du train.

Je garde aussi d’autres souvenirs assez émouvants, comme la fête à Léo Ferré, avec un orchestre, la fête à Véronique Sanson ou même le bicentenaire où 1789 jeunes sont venus auprès de Bernard Lavilliers pour chanter Noir et Blanc.

 

F.R. : Que pensez-vous de l’arrivée importante de la langue anglaise ? Pensez-vous que cela peut porter préjudice au festival ?

D.M. : Je n’ai pas réellement d’avis à porter sur cette question. Nous avons créé le festival pour rendre hommage à la francophonie et unir les pays qui ont en commun l’usage du français. Il est vrai que nous voulons garder un usage noble du français sans pour autant être fermé aux autres langues. Les Francofolies sont aujourd’hui l’un des derniers bastions de l’usage de notre langue dans la chanson, c’est important.

 

F.R. : A l’occasion des 30 ans des Francofolies, nous essayons de recenser les meilleurs moments du festival, vous avez évoqué le bicentenaire, pouvez-vous aussi nous parler de l’Equipée musicale ?

D.M : Ce projet s’est fait grâce au patron d’une entreprise d’équipement sportif. Venant lui-même d’un milieu populaire, il a tout de suite adhéré au fait de permettre à 300 jeunes issus de quartiers difficiles de venir voir le festival. Les jeunes devaient notamment élaborer un projet sur le thème de la musique, le journalisme, les médias… Nous nous chargions de toute l’organisation, de leur hébergement à leur venue au festival. Il y avait une dimension sociale et très humaine dans ce projet que nous avons poursuivi pendant quelques années. Mais ce genre d’événement n’est qu’une infime partie de tout ce qu’on a pu vivre au cours de ces 30 ans aux Francofolies.

 

Interview : Yacine